« États altérés ». Corps, conscience, esthétique
Colloque international
Sorbonne et Institut National d’Histoire de l’Art
Paris, 1er-2 juin 2018
Université Paris 8, Sorbonne Université,
The Heyman Center for the Humanities at Columbia University
en partenariat avec
l’Institut universitaire de France
et le Max Planck Institute for Empirical Aesthetics

Se laisser emporter, partir en transe ou glisser vers les royaumes inexplorés des rêves… Du dérangement radical à l’ennui passager, de l’hypnose au sommeil ou à l’anesthésie, des drogues aux ferveurs extatiques de la foi, les « états altérés » constituent l’un des tropes récurrents des relations que nous entretenons avec nos vies perceptives et affectives. Embrassant ruptures et continuités, la notion structure notre expérience du monde, et fait partie intégrante des récits dont nous informons nos consciences.

Mais par rapport à quoi ces états sont-ils « altérés », ou « modifiés » ? Une norme ou du moins une pierre de touche qui présupposerait, comme dans l’homéostasie corporelle, un hypothétique état de repos ? Au prisme d’une gradation d’altérations qui s’étendraient le long de spectres variés ? Quelles visions de la conscience et de la corporalité sous-tendent les pôles de l’altération et de la normalité ? Qu’engagent l’effort d’identifier des états spécifiques divers, qui auraient leur commencement et leur fin, ou la volonté de les ordonner au sein d’un catalogue herméneutique ? En ce que nous existons dans le temps, plongés dans l’expérience du changement, nos consciences, nos corps, nos vies mêmes sont nécessairement, continuellement altérés. Et si la notion d’altération implique perturbation, parler d’états fait-il sens, puisque le terme semble impliquer en soi un degré de stabilité plutôt qu’un flux dynamique ?

Tandis que toute une série d’objets « altérés » – corps, personnalités ou états – prenaient une place centrale dans des épistémologies modernes telles que la psychiatrie, le sujet esthétique et l’oeuvre d’art s’affirmaient de plus en plus comme lieux premiers d’une expérience de transformation. Plus largement, musique, littérature, arts de la scène et du spectacle sont souvent conçues comme des disciplines d’absorption temporelle, favorisant des états altérés tant dans la réception que dans la création – à moins qu’elles n’apparaissent comme l’incarnation même d’états altérés. Du point de vue du sujet, l’altération de ses propres états, ou de lui-même, peut être activement pratiquée comme un moyen d’accéder à des modes d’existence considérés comme supérieurs, ou comme une distorsion perturbante.

Ce colloque international, qui se tiendra à Paris les 1 et 2 juin à la Sorbonne et à l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), explorera le concept d’états altérés tel qu’il se trouve mobilisé dans des discours théoriques multiples ou dans les processus de création et de réception artistiques. Il réunira des chercheurs issus d’orientations disciplinaires diverses, et fera alterner, d’une part, panels de présentations individuelles, et d’autre part, sessions de discussions collectives autour d’interventions qui auront pré-circulé en amont. La rencontre sera suivie d’un deuxième événement, intitulé Synesthésie, qui aura lieu courant 2019 au Max Planck Institute for Empirical Aesthetics de Francfort.

Organisateurs : Céline Frigau Manning (Université Paris 8 – Institut Universitaire de France), Nicholas Manning (Sorbonne Université), Carmel Raz (Columbia University – Max Planck Institute for Empirical Aesthetics)

Vendredi 1er juin : Entrée libre.
Samedi 2 juin : Entrée sur réservation uniquement, en écrivant à cette adresse.